Les partisans d'une conquête du Tonkin reçoivent d'ailleurs en France le surnom de « Tonkinois »[23]. L'empire d'Annam (qui porte alors, en vietnamien, le nom officiel de Đại Nam) ne dispose pour se défendre que d'une armée désuète. C'est en Indochine qu'est fondée, en 1900, l'École française d'Extrême-Orient (EFEO), dédiée à l'étude des civilisations asiatiques et dont les équipes jouent un rôle essentiel dans la réhabilitation d'Angkor. En 1911 est lancé un programme routier cohérent, destiné à débloquer le Laos et les hauts plateaux vietnamiens. La contestation se développe en même temps dans une faction du clergé bouddhiste, qui se divise alors entre opposants et partisans de la famille royale. Comme escompté, ces emprunts entraînent un afflux d'investissements privés en Indochine[124]. Au Laos, les Français s'appuient sur le clergé bouddhiste pour détacher culturellement le pays du Siam : deux instituts bouddhiques sont fondés, à Vientiane et à Luang Prabang, respectivement en 1931 et 1932. Võ Nguyên Giáp détient l'Intérieur et Phạm Văn Đồng les Finances, tandis que l'ex-empereur Bảo Đại — devenu le « citoyen Vĩnh Thụy » — est nommé conseiller politique. L'occupation en Indochine est alors surtout destinée à l'exploitation économique de la colonie française, afin de soutenir l'effort de guerre japonais. Au contraire du Vietnam dont le statut demeure la principale pierre d'achoppement en Indochine, le Cambodge et le Laos profitent du contexte de l'après-guerre pour stabiliser et moderniser leurs institutions, devenant des monarchies constitutionnelles. La promiscuité dans les quartiers ouvriers des grandes villes entraîne une situation sanitaire souvent déplorable. Est-ce possible ? Les premiers essais d'acclimatation d'hévéa ont lieu en Cochinchine en 1897. En Indochine, l'administration française s'appuie sur un arrêté du 29 août 1939, qui ouvre le droit de réquisition sur tout le territoire : environ 27 000 Indochinois sont envoyés en Métropole avant l'invasion allemande de juin 1940, la grande majorité ayant été recrutés de force dans le milieu des travailleurs pauvres du Tonkin, de l'Annam, et dans une moindre mesure de la Cochinchine. Les territoires annexés dans ce que les Occidentaux appelaient la Basse-Cochinchine deviennent la colonie de Cochinchine, dont l'amiral Bonard, signataire du traité, devient le premier gouverneur. Du point de vue industriel, l'Indochine est la première des colonies françaises[140]. Le règlement général de l'instruction publique, adopté le 21 décembre 1917, constitue la « charte » de l'enseignement indochinois. Au Cambodge, Sihanouk finit par accepter d'organiser de nouvelles élections, qui se tiennent en septembre de la même année : comme celles de 1947, elles sont remportées par le Parti démocrate, dont le chef Huy Kanthoul devient alors premier ministre. Le protectorat du Laos est également touché par des mouvements de révolte, dans la région du plateau des Bolovens. Pour 1940, Pierre Brocheux et Daniel Hémery citent un chiffre d'environ 34 000 Français sur 22 655 000 habitants[87]. Le capitalisme colonial indochinois est marqué par la forte présence des groupes industriels, agro-industriels, et financiers français. Les initiatives de Sarraut, Long et Varenne, qui donnent lieu sous leurs mandatures à divers projets — finalement avortés — de nouvelles assemblées élues, ne permettent cependant pas aux classes supérieures indigènes d'accéder à un réel pouvoir politique. Le 8 avril, les Japonais le contraignent à signer une déclaration d'indépendance dans laquelle il ne mentionne cependant que le royaume de Luang Prabang ; les occupants ne réalisent pas que le document — qu'ils n'entérineront d'ailleurs jamais — ne concerne pas le Laos tout entier. En 1937, l'Association bouddhiste du Tonkin revendique deux mille bonzes et bonzesses, auxquels s'ajoutent dix mille adhérents ; celle de l'Annam en revendique trois mille. Le 15 juillet 1867, le Siam renonce à ses droits sur le Cambodge et reconnaît le protectorat français ; en échange, la France s'engage à ne jamais annexer le Cambodge et reconnaît la souveraineté du Siam sur deux provinces cambodgiennes — celle de Battambang et celle d'Angkor — qu'il dominait jusque-là de facto. Ses hommes reçoivent ensuite de Dupré l'ordre de se retirer — abandonnant à leur sort leurs auxiliaires annamites — le gouvernement républicain préférant désavouer l'entreprise intempestive de Garnier[19],[20]. Environ 42 millions de piastres sont investis entre 1931 et 1940 dans les grands travaux hydrauliques[211]. Le 26 mai, le GPRF concrétise son projet de force d'intervention en décidant de la création d'un Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, dont le commandement est confié au général Leclerc[287]. Les délégués Việt Minh sont d'autant plus mécontents que les Français ont, fin juin, réoccupé les plateaux moï au Sud-Annam[353],[354],[355]. L'Indochine bénéficie en outre du développement de deux grands ports, celui de Haïphong et surtout celui de Saïgon, qui contribuent de manière considérable au dynamisme de son économie. L'arrestation de Phan Bội Châu en 1925, celle de Nguyễn An Ninh en mars 1926, puis les obsèques de Phan Châu Trinh le mois suivant, provoquent des heurts entre les jeunes intellectuels et les autorités coloniales. L'extension des surfaces cultivées et l'obligation de livrer des produits au Japon imposent une politique dirigiste : le Gouvernement général crée, sur le modèle vichyste, une série d'organismes destinés à contrôler les prix et le commerce. ». Au parti-pris colonialiste a succédé un regard marqué par l'anticolonialisme, qui a insisté sur le caractère éphémère et artificiel de la domination française. L'étude de la période coloniale en Indochine s'est ressentie de ses vicissitudes historiques. Au Laos, la situation présente également des difficultés : à l'automne 1945, les troupes françaises, encore trop peu nombreuses sur place, assistent impuissantes à la prise du pouvoir par les nationalistes locaux qui bénéficient de l'aide des Chinois. Son Ngoc Thanh, dont le retour au pays a été autorisé fin 1951 par le roi et les Français, se tient tranquille quelques mois, puis reprend le maquis en mars 1952 et tente — sans grand succès, malgré le soutien des services secrets thaïlandais et peut-être celui des Américains — de s'imposer comme chef de la mouvance indépendantiste. Cela contribue à faire de cette colonie largement bénéficiaire une pièce maîtresse de l'économie française[131]. Coordonnées : 16° nord, 102° est Dans la population européenne, les citadins sont très majoritaires par rapport aux « broussards » vivant dans les campagnes[90] : les Français résident principalement dans les grands centres urbains (Saïgon-Cholon, Hanoï et Haïphong)[87]. La France, qui y détient déjà plusieurs concessions, poursuit en effet ses ambitions de conquête du marché chinois grâce notamment à des projets de liaison entre les mines d'étain, de cuivre et de fer du Yunnan, et les mines de charbon du Tonkin. Dans l'immédiat après-guerre, l'économie indochinoise est dans un état désastreux. Alors que se déroule le soulèvement cambodgien, les Français sont toujours confrontés, au Vietnam, à l'insurrection Cần Vương. Il est très difficile de chiffrer les populations indochinoises venues habiter en France lors de la fin de la colonisation ; outre les réfugiés partis pendant ou après la guerre d'Indochine, la persistance des insurrections puis le contexte de la guerre du Vietnam conduisent de nombreux Vietnamiens, issus notamment de la bourgeoisie, à venir habiter en France dans les années 1960 et à y transférer leurs biens. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. À Saïgon, cependant, une garnison franco-espagnole de 800 hommes s'accroche et parvient à tenir jusqu'en octobre. Sous l'effet du surpeuplement mais aussi de la division du travail dans l'économie coloniale, des dizaines de milliers d'habitants du Tonkin et de l'Annam se déplacent à travers l'Indochine ; ils vont peupler les hautes terres du Tonkin ou le centre de l'Annam, et s'installent aussi en Cochinchine ou au Cambodge, mais également dans d'autres territoires français comme la Nouvelle-Calédonie ou les Nouvelles-Hébrides. Les Français en profitent pour abolir le royaume de Champassak, jusque-là État vassal du Siam, dont le souverain est ramené au rang de gouverneur indigène[47]. Le général Carpentier, commandant militaire français, finit par décider à l'automne 1950 d'organiser une évacuation du secteur via la route coloniale 4 (RC 4)[393],[384]. Le Lycée Chasseloup-Laubat de Saïgon est créé dans les années 1870, de même que plusieurs écoles primaires. D'emblée, le nouveau gouvernement s'oppose à la fois au roi et à la France. L'économie de l'Indochine française est, par ailleurs, marquée par la situation de quasi-monopole bancaire du grand capitalisme de Métropole, qui se coalise au sein de la Banque de l'Indochine (BIC). Il en résulte, en 1893, une crise diplomatique puis un bref conflit militaire entre la France et le Siam. Le Tonkin compte des entreprises forestières, de nombreuses filatures et verreries et usines de ciment, ainsi que des mines d'étain, de plomb, de zinc et de tungstène. Homme neuf en ce qui concerne le système colonial, Sarraut a pour mission d'apporter une nouvelle impulsion à l'Indochine, sur les plans politique et économique. « Aucune arme à feu n'a été utilisée. En effet, alors que les Britanniques possèdent déjà Hong Kong à la suite de la première guerre de l'opium et multiplient les échanges commerciaux en Chine, les Français tardent à s'implanter en Extrême-Orient. Tự Đức et ses ministres ne considèrent cependant le traité que comme un expédient temporaire, destiné à contenir la poussée des Français. Au Cambodge, la création de partis politiques est autorisée pour la première fois dans l'histoire du pays. Plusieurs régions en pays thaï sont alors occupées par les troupes françaises, qui reçoivent grâce à Pavie le ralliement des familles aristocratiques locales. Léon Pignon lui succède en septembre 1948 au poste de haut-commissaire, avec pour tâche de poursuivre les négociations. En 1944, les groupes Rivaud-Hallet, Michelin et Banque de l'Indochine détiennent les deux tiers des plantations cultivées[130]. Dupré, gouverneur de la Cochinchine, envoie alors Francis Garnier avec pour mission officielle de secourir Dupuis. À partir de 1893, la mécanisation et les grands programmes quinquennaux ou décennaux permettent d'accélérer leur creusement[122]. Les branches motrices de l'économie indochinoise se trouvent surendettées, et les faillites se multiplient : 1 348 faillites et liquidations d'entreprises sont prononcées entre 1928 et 1937 ; entre 1927 et 1931, l'indice des valeurs indochinoises tombe de 300 à 34, tandis que le budget général s'effondre de 108 millions de piastres en 1931 à 60,9 millions en 1934. La présence française (exploitations agricoles, entreprises, médecins, enseignants et autres coopérants…) y perdure cependant jusqu'en 1975, année de la chute de Saïgon[469],[470]. Jusqu'en 1931, l'État n'est représenté dans son conseil d'administration que par un commissaire du gouvernement, qui n'a pas de droit de veto. À partir de 1930, l'école littéraire en vogue est celle du Tự Lực văn đoàn (Groupe littéraire autonome) dont les membres, poètes ou écrivains, s'inspirent de la littérature française contemporaine pour utiliser un style concis et clair, débarrassé des influences chinoises. Les militaires, moins privilégiés sur le plan financier au point de faire parfois figure de citoyens de seconde zone, sont parmi les Français ceux qui entretiennent les rapports les plus proches avec les indigènes[91]. Le mois de mon arrivée, 172 décès ; c’étaient des locaux pour 25 ou 30 détenus ; j’en ai trouvé 110, 120, 130. La grande plantation capitaliste domine le secteur, et 68 % de la surface appartient à des sociétés contrôlées par des holdings métropolitaines. Au Tonkin, 180 000 hommes de l'armée nationaliste chinoise venus du Yunnan et commandés par le général Lu Han commencent dès la fin du mois d'août à investir le territoire, pour y désarmer les 130 000 soldats japonais présents sur place. Les intellectuels autochtones cherchent des formes d'expression et d'affirmation de leur culture. En février 1929, le VNQDD assassine à Hanoï Alfred Bazin, directeur de l'Office général de la main-d’œuvre et, à ce titre, symbole de l'exploitation coloniale. La situation impose de trouver pour les flux de capitaux de nouveaux débouchés, que les capitalistes français préconisent de chercher dans les colonies : c'est d'ailleurs pendant cette période de ralentissement économique qu'est fondée la Banque de l'Indochine. En Asie, les tensions diplomatiques continuent de s'accroître. À partir de février 1943, afin de prévenir une offensive de Tchang Kaï-chek, les Japonais occupent Kouang-Tchéou-Wan qui était jusque-là épargné, sans que le Gouvernement général s'y oppose[243],[244]. Au lendemain d'Hiroshima, et alors que sa capitulation est imminente, le Japon accepte de restituer au Vietnam la Cochinchine ; Bảo Đại proclame l'annexion de la colonie le 14, la veille de l'annonce officielle de la reddition du Japon par Hirohito[301],[302]. En janvier 1883, Tự Đức appelle une nouvelle fois à l'aide la Chine, qui intervient pour sauver sa suzeraineté sur l'empire annamite. Assimilera-t-elle jamais notre pensée grecque et romaine ? Au cinéma, la colonisation et la guerre ont été évoquées dans des films comme ceux de Pierre Schoendoerffer (La 317e Section, 1965) ou Régis Wargnier (Indochine, 1991)[480]. Des liaisons aériennes entre Hanoï et Saïgon sont assurées à partir de janvier 1921[149]. Le mouvement communiste gagne ainsi de nombreux partisans, tout en bénéficiant d'un puissant argument de propagande pour discréditer le régime colonial[296]. Après la période de la « Cochinchine des amiraux » (gouvernement militaire), la colonie passe en 1879 à un régime de gouvernorat civil. La Sûreté générale, malgré la collaboration d'État franco-japonaise, ne relâche pas sa vigilance sur les mouvances nationalistes : en août 1943, un vaste coup de filet est effectué, jetant en prison de nombreux militants vietnamiens. Des lignes de chaloupes à moteur sont très rapidement ouvertes[146]. Trois jours plus tard, Hô Chi Minh est élu président d'un Comité de libération nationale, sorte de gouvernement provisoire. Dans toute l'Indochine, les Français sont regroupés dans des périmètres surveillés. Bien que la politique y joue un rôle, l'élément déclencheur semble cependant avoir été le comportement des officiers locaux. À partir de 1928, les militants annamites réclament la fondation d'un vrai parti communiste[200]. Les forces militaires françaises aident le roi Norodom à réprimer des révoltes, qui demeurent fréquentes dans les années 1860-1870[22]. La partie sud du pays est beaucoup plus arrosée que la partie nord. Le gouvernement Xuân, qui fonctionne quasiment sans moyens, se montre inexistant sur le terrain et le Việt Minh a alors beau jeu de le qualifier de « fantoche »[372],[373]. L'Indochine, ou péninsule indochinoise, est une péninsule de l’Asie du sud-est située entre la Chine et l'Inde. Entre-temps, les milieux politiques français sont très divisés sur l'opportunité de mener ou non une négociation directe avec Hô Chi Minh. Dans les premiers temps de la colonisation, les écoles françaises attirent notamment des indigènes de condition modeste auxquels l'apprentissage du français offre une possibilité d'intégrer l'administration, donc de promotion sociale[156]. Dernière modification de cette page le 19 février 2021 à 13:49. En juin 1929, le groupe du Thanh Nien à Hanoï fonde, sous l'impulsion de Ngô Gia Tự, un Parti communiste indochinois. Entre-temps, la succession de crises politiques en Indochine — et notamment l'épisode du congrès vietnamien d'octobre, qui a provoqué une émotion considérable — a exaspéré la classe politique française. Cela permet de maintenir une gestion au moindre coût, les effectifs locaux de l'administration coloniale étant très faibles : en 1914, on ne compte dans le Haut-Laos que 224 fonctionnaires, dont 24 Français seulement. Le Cambodge organise en septembre ses premières élections qui sont, au déplaisir du souverain, remportées par le Parti démocrate, une formation d'orientation nationaliste dirigée par le prince Sisowath Youtevong ; ce dernier devient premier ministre en décembre. demandait Charles-Robert Ageron dans un article publié dans Le Monde, le 26 août 1992 [1]. L'administration coloniale vise ainsi à susciter une tradition bouddhique propre au Laos, qui serait affranchie de l'influence siamoise. La mouvance Khmer issarak, assez disparate, pose quelques problèmes d'insécurité au Cambodge, mais elle se divise entre rebelles aidés par la Thaïlande et pro-communistes soutenus par le Việt Minh[333],[334]. Ils se conjuguent en outre avec une grave crise de l'économie paysanne dans les deltas de l'Annam et du Tonkin qui, après des années de forte croissance démographique, sont désormais surpeuplés. Comparé au dynamisme de l'édition annamite, la production écrite est singulièrement sous-développée au Cambodge, dont la littérature moderne et quasi inexistante et où les marchés sont au contraire « inondés » de livres vietnamiens. Les manifestants n'obtiennent que de vagues promesses de la part du monarque, avant d'être sommés de retourner dans leurs villages ; des incidents isolés font plusieurs victimes. En Cochinchine, le régime de l'indigénat est instauré par un décret du 25 mai 1881[106]. Sur la durée, la France conserve pourtant des rapports avec ses anciennes possessions indochinoises, malgré des périodes d'interruption des relations diplomatiques dues à la succession des guerres. Une révolte de type « millénariste », menée par un bonze défroqué, Ang Snguon, éclate en 1905 dans la province de Stoeng Treng. Leclerc ordonne alors aux troupes françaises de faire route vers le Tonkin pour débarquer à Haïphong. L'aéronautique se développe également en Indochine : le premier avion arrive en 1910, puis un arrêté de 1917 prescrit la création d'une escadrille d'aviation au Tonkin. Le 13 mars, toujours à la demande des Japonais, Norodom Sihanouk proclame à son tour l'indépendance du Royaume du Cambodge (dont il change le nom en « Kampuchea », revenant à la prononciation khmère). Sabattier mène les opérations au Laos, puis se replie à son tour[278]. Les communautés indigènes demeurent quant à elles marquées par les clivages, sociaux ou ethniques, qui existaient avant la colonisation. Les Américains couvrent 40 à 50 % des dépenses militaires françaises en Indochine en 1953 et leur contribution monte à près de 80 % en 1954, dernière année de la guerre. En parallèle, un blocus imposé par les Britanniques devient total à la fin de l'année 1941, coupant les échanges commerciaux de l'Indochine avec la Métropole[240],[241]. La durée du travail journalier est limitée, et le travail de nuit des femmes et des enfants interdit ; les libertés de parole et d'association sont reconnues. Entre-temps, la mission d'exploration géographique conduite entre 1866 et 1868 par les officiers Ernest Doudart de Lagrée et Francis Garnier sur le Mékong, puis sur le Yangzi Jiang en Chine, fait apparaître l'intérêt pour la France d'obtenir un accès privilégié au Tonkin pour poursuivre son expansion économique en Extrême-Orient. C'est également Doumer, par ailleurs, qui décide que la capitale de l'Indochine française sera Hanoï, plutôt que la capitale économique Saïgon ou la capitale impériale Hué[53]. Les ressources de l'Indochine sont alors mobilisées pour ravitailler la Métropole en denrées et matériaux (riz, maïs, thé, café, caoutchouc…). Des Français, des métis et des Vietnamiens « collaborateurs » continuent d'être attaqués dans les semaines qui suivent : des dizaines de cadavres sont retrouvés dans les rues de la ville[320]. Les deux pays continuent de se disputer les archives d'Outre-mer. Jean-François Klein, « Une histoire impériale connectée ? La communauté vietnamienne du Laos, largement acquise à l'indépendance, est encadrée par le Việt Minh qui l'organise en milices d'autodéfense[300]. Des travaux plus récents tendent à se détacher de l'idéologie, et à souligner que, loin de n'être qu'une création purement artificielle, l'Indochine coloniale résulte de l'évolution de l'espace extrême-oriental au XIXe siècle, pendant lequel l'affaiblissement du modèle chinois s'est traduit par un basculement forcé de l'Asie du Sud-Est dans ce qu'il est convenu d'appeler la « modernité » ou du moins dans les formes modernes d'État et d'organisation économique[481]. Si elle ne semble pas avoir eu un tour réellement anti-français, l'affaire de 1916 surprend les autorités coloniales du fait du caractère massif et bien organisé de la contestation[191]. Au Cambodge, l'année 1941 est marquée par la mort du roi Sisowath Monivong. En 1908, l'obligation de vaccination est étendue au reste de l'Indochine. Le gouverneur général René Robin, considéré comme un symbole de la répression, est remplacé par Jules Brévié. Hô Chi Minh rentre ensuite dans les bonnes grâces de Zhang Fakui. Mais la révolte du 4e tonkinois, qui devait lancer un soulèvement général, ne s'étend pas. Les seules statistiques fiables dont on dispose sur ce point concernent les grandes agglomérations : à Saïgon, la mortalité infantile tombe de 44 % en 1925 à 19 % en 1938[147]. Le plénum aboutit à la création d'un front uni, le Việt Nam Ðộc Lập Ðồng Minh Hội — « Ligue pour l'indépendance du Viêt Nam », nom couramment abrégé en Việt Minh — destiné à réunir tous les Vietnamiens désireux de combattre pour la libération du pays[262]. C'est à la Cochinchine et au Tonkin que l'Indochine doit l'essentiel du dynamisme de son économie. La pacification de l'Annam et du Tonkin s'avère en effet extrêmement coûteuse, ce qui conduit le gouverneur général intérimaire Bideau à parler, en 1891, de « Lang Son financier ». George Groslier mène à ce titre une action décisive pour la renaissance des arts au Cambodge, où ils étaient alors en voie d'extinction. Si les États-Unis s'abstiennent pour le moment d'envoyer leurs troupes, ils sont cependant de plus en plus inquiets de la tournure des évènements en Indochine où ils constatent que leur aide financière n'a pas suffi à empêcher les communistes de prendre le dessus. Les deux parties, ayant fait chacune des concessions importantes, peuvent alors espérer éviter le conflit ouvert[335],[318],[338]. La plupart des industries alimentaires de Cochinchine, par exemple, fonctionnent au ralenti pendant toute la durée du conflit, et nombre d'entre elles sont contraintes de cesser purement et simplement leurs activités[390]. Cường Để et Phan Bội Châu sont condamnés à mort par contumace. La colonie de Cochinchine est le théâtre des premières expérimentations : pendant la période du gouvernement militaire de la colonie, les amiraux laissent d'abord péricliter l'enseignement traditionnel, tout en imposant le quốc ngữ dans l'administration.